Nous nous étions promis de ne jamais nous quitter
Hélas la mort s’était promis d’amocher notre tranquillité
Nous avions prévu de périr main dans la main dans notre jardin
Mais il s’en était soudainement allé juste après un malaise anodin
Il avait trahi notre serment de la plus cruelle des manières
Sans préavis, il m’avait quittée alors qu’il était ma centrale charnière
Il avait cette faculté à me faire croire qu’auprès de lui je n’avais plus besoin de rien
Il était mon indéfectible soutien, j’étais son inconditionnel et inusable lien
Avec lui j’étais plus rassurée qu’un créancier en face de son dû
Sans lui je suis plus désemparée qu’une petite fille perdue
Nous nous disputions souvent pour des divergences d’opinion
Mais comme des ions nous fusionnions à la suivante occasion
Mon cœur est un amas de larmes depuis sa tragique disparition
Toutes les essuyer s’est révélé être une impossible mission
Mon âme est dans un coma depuis son départ précipité
Par des pensées fades et incolores elle est dorénavant habitée
Les journées se révèlent abondamment longues sans lui
On dirait qu’un vil complot ralentit la tombée de la nuit
Les soirs sont tellement vides et insipides depuis lors
Il n’est plus là pour veiller avec moi jusqu’à l’aurore
Il me paraît que la superficie de la chambre a augmenté
Toute seule, je me remémore nos corps régulièrement aimantés
L’on dit souvent que le temps s’arrête lorsque l’on aime
Mais le temps, quel concept inutile depuis son sombre requiem
Observer notre fils plus que de raison se pose comme un rituel
Je vois en lui plus qu’avant le signe de sa présence perpétuelle
Ils me demandent tous d’être forte pour surmonter cette épreuve
Sans doute sont-ils tous ignorants de ce qu’implique être veuve
Ceux qui disent que les jours passent mais ne se ressemblent pas se trompent
Jour après jour il réside dans mes rêves mais toujours le réveil me détrompe
Ils me suggèrent de refaire ma vie et de prendre l’existence par le bon bout
Mais chaque jour je le vois assis là où devant la télé on riait comme des fous
Le temps, ce remède dont on dit qu’il guérit tout
Est en fin de compte ma bouée de sauvetage et mon unique atout
Un très lointain matin, je me dirai peut-être qu’il est temps d’aller de l’avant
Mais jusqu’au jour de nos retrouvailles, je sentirai tous les matins sa peau me protéger tel un paravent
La vie est trop brève pour être petite
Faisons d’elle une balade inédite
© M²CD
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