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L’exemple de Charles Richard Drew.

« L’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul » Mohandas Gandhi

C’est encore moi. Je n’ai pas pu réfréner le désir de dire un mot sur Charles Richard Drew ce soir, malgré tous mes efforts. J’ose espérer que vous ne m’en voudrez pas pour le gabarit du texte. Dites-vous que certaines « souffrances » en valent la peine, et tout ira pour le mieux.

Allons-y !

Origines

Aîné d’une famille de 4 enfants, Charles Drew est né le 3 juin 1904 dans le ghetto de Washington D.C. Doué en athlétisme, football et basketball, il a reçu de nombreuses médailles au lycée. Il est diplômé de la Dunbar High School en 1922. Grâce à ses performances sportives, il obtient facilement une bourse pour le Amherst College dans le Massachussetts. Il en sort diplômé en 1926.

Il voulait embrasser une carrière médicale, mais par manque de moyens, il ne pouvait intégrer une école de médecine. Il travailla en tant qu’ enseignant de biologie et coach – ses aptitudes en sport – au Morgan College, jusqu’en 1928.

Vie estudiantine

En 1928, il postule dans de nombreuses universités, et c’est la McGill University de Montréal au Canada qui le retient. Il y obtient en 1933 son Master of Surgery degree, en étant 2e dans une classe de 127 apprenants. Il y remporte aussi un prix de neuroanatomie. Il est accepté en résidanat notamment à l’hôpital général de Montréal et à l’hôpital Victoria, et c’est là-bas qu’il développera un intérêt particulier pour la transfusion sanguine.

L’enseignant-chercheur de talent

De retour aux Etats-Unis en 1935 après la mort de son père, il rejoint la Howard University’s medical school comme enseignant. Ses travaux lui permettent d’obtenir une bourse de la fondation Rockefeller, et l’université de Columbia lui est ouverte pour approfondir ses recherches relatives au sang.

C’est dans cette institution qu’il obtient son Doctorat en sciences médicales en 1940, une première pour un Noir aux Etats-Unis. Sa thèse porte spécifiquement sur la banque de sang. En 1941, il devient le premier Noir Américain à faire partie des correcteurs lors de l’examen américain de chirurgie.

L’innovateur

A peine docteur, Charles Drew est recruté par John Scudder pour participer à un programme de conservation et de préservation du sang. Nous sommes dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Les Etats-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, mais ils doivent collecter, tester et transporter d’énormes quantités de sang vers les soldats britanniques qui sont au front. A cette époque, l’on ne sait pas comment conserver le sang à long terme.

Charles Drew est associé au projet « Great Britain Blood Plasma » en raison de ses travaux antérieurs sur la question. Ses recherches lui ont permis de découvrir que lorsque le plasma est séparé du reste du sang, il peut être conservé pendant beaucoup plus longtemps.

C’est ainsi que sous sa dynamique, la première banque de sang est constituée, et que d’innombrables vies sont sauvées pendant la guerre. Aujourd’hui, de Londres à Pékin, de Dakar à Varsovie, les banques de sang sont banales. La Croix-Rouge s’est inspirée de ses travaux pour perfectionner ses techniques d’intervention.

Il a été directeur à la Croix Rouge Américaine, mais a démissionné parce que cette institution estimait qu’il fallait séparer le sang des hommes noirs de celui des hommes blancs.

Il décède à 45 ans des suites d’un accident de voiture à Burlington, le 1er avril 1950. Des écoles et dispensaires américains portent son nom, tout comme le siège de la Croix-Rouge américaine aux Etats-Unis depuis 1977– American Red Cross Charles R. Drew Blood Donation Center –

Que peut-on retenir ?

Chaque fois que nous nous retrouvons en face d’une personne qui laisse entendre que l’homme noir est un être inférieur, il ne faudrait pas s’en trouver offusqué, même si c’est un Noir qui tient de telles paroles. Cela doit constituer pour nous une formidable occasion de décupler nos capacités.

Répondre à des propos aussi abjects par un discours moral ou religieux, est d’une perte de temps inqualifiable. Il faudrait plutôt y voir une opportunité de montrer de quoi l’on est capable. Cette réponse-là est et sera toujours d’une violence sans commune mesure avec la discrimination ou l’auto discrimination raciale.

C’est cette violence non violente qui s’insère dans nos réalisations, qui déstabilise durablement les sceptiques, et qui ouvre à chacun de nous la voie vers la Table des Seigneurs où est assis Charles Drew.

Comme le dit Massa Makan Diabate :

« Celui qui vient en ce monde et s’en va sans rien troubler ne mérite aucun respect ».

Respectons-nous donc, et réinventons notre quotidien à partir de nos potentialités.

Autrement, nous serons obligés soit de subir la violence des autres, soit de la combattre par la violence violente. Dans les deux cas, nous nous éloignerions de la Table des Seigneurs, et de l’onctueux privilège de vivre après la mort.

La vie est trop brève pour être petite
Faisons d’elle une balade inédite

© M²CD

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