Mise au point

Lorsque le peuple ne dispose pas de la bonne information, il est souvent tenté de s’éparpiller en procédant à d’interminables spéculations. C’est le cas en ce qui concerne les plus savoureux mets en circulation au Cameroun. Face à la cacophonie ambiante, mettre fin au branle-bas observé est un inévitable devoir. Amoureux de la vérité, je vous livre le top 7 officiel, actualisé en août 2020 par la Haute Autorité de la Gastronomie.

7- Le Sanga

Divertissant. Quiconque en goûte est nécessairement emporté dans un tourbillon d’allégresse. Toutefois, il est déconseillé de le titulariser. Léger, il montre rapidement ses limites. Il ne nous a fait aucune promesse, ne lui en réclamons pas davantage.

6- Le taro-sauce jaune

Spirituel. Consacrant son existence à la méditation, jamais on ne l’apercevra revendiquer le leadership. Les projecteurs l’indiffèrent. Il ne vit que pour donner de chaleureux espoirs aux plus faibles, et des conseils avisés aux gouvernants.

5- Le Koki

Doyen. S’il ne manque à quasiment aucune réception, ce n’est point un hasard. Il est un ancien du système, qui a su se poser comme un incontournable mets. Le gardien du temple, dépositaire de l’âme de la communauté.

4- L’Okok

Bipolaire. Il ne laisse personne indifférent. Ce sont ses troubles mentaux qui font paradoxalement son charme. Sucré pour certains, salé pour d’autres, son talent et sa capacité d’adaptation sont appréciés et salués sur l’ensemble du territoire.

3- Le Eru

Prodige. Il génère énormément d’enthousiasme, et ses partisans le verraient bien occuper la place du commandant en chef dans la hiérarchie. Hélas, il manque cruellement d’expérience, et doit redoubler d’effort. A surveiller durant les futures échéances électorales.

2- Le Mbongo

Expérimenté. D’une importance capitale dans l’architecture culinaire locale. En cas de défaillance du commandant en chef, il est le seul à pouvoir valablement assurer la transition dans les estomacs. Avec du porc en soutien, il est tout bonnement injouable.

1. Le Ndole

Inégalable. Charismatique commandant en chef, sa vision pour son peuple et son sens de l’écoute sont partout enviés. D’aucuns sont libres de comprimer les visages, mais c’est bien lui qui nous représente à l’international, avec à son bras notre première dame, le miondo.

PS : Si vous disposez d’assez d’énergie et de ressources financières à gaspiller, vous pouvez toujours introduire des recours, mais aucun ne prospérera. Ainsi, il est sans doute préférable, comme l’a suggéré un illustre contemporain – j’ose croire que vous suivez l’actualité – que chacun mène sa petite carrière. Vive la République ! Vive le Ndole !

Extrait du Journal d’un Confiné